La leptospirose est une maladie mondialement répandue, liée à des bactéries qui doivent leur nom à leur morphologie hélicoïdale, flexible et grêle : les leptospires (spirochètes). La maladie est connue depuis la fin du XIXe siècle. Les bactéries peuvent infecter de nombreuses espèces animales et l’homme.
Les leptospires sont une grande famille de bactéries qui comportent 250 sérovars dont on considère qu’une dizaine est pathogène pour le chien, la vaccination protège contre certains de ces sérovars. Les études épidémiologiques montrent que les leptospiroses ré émergent depuis ces 10 dernières années.
CONTAMINATION
Un grand nombre d’espèces animales sont des sources potentielles de leptospires : les mammifères, les oiseaux, les reptiles, les poissons… Parmi les 160 espèces de mammifères sensibles, les ruminants, les porcins, les équidés, les carnivores, les cervidés et les lagomorphes sont les sources principales.
Certains hôtes, peu sensibles à l’infection, peuvent les excréter pendant plusieurs années.
La transmission de la bactérie peut se faire de manière directe au contact des animaux excréteurs. Il s’agit surtout des rongeurs qui excrètent les leptospires par les urines ; ils sont porteurs asymptomatiques. La transmission peut se faire également au contact d’un chien malade, espèce particulièrement sensible à l’infection.
La transmission est plus fréquemment indirecte, au contact d’eaux stagnantes souillées par les bactéries. Les bactéries sont relativement fragiles dans le milieu extérieur mais certaines conditions leur sont extrêmement favorables : températures comprises entre 19 et 30° C, milieu légèrement alcalin et protégé des ultraviolets. Lorsque ces conditions sont réunies les leptospires peuvent survivre trois mois et demi dans le milieu extérieur.
Les chiens atteints de la maladie sont souvent des chiens adultes, entre 4 et 10 ans ; ceci correspond à la période de vie du chien ou l’activité extérieure est maximale. On rencontre davantage de leptospirose l’été sur les chiens de compagnie profitant d’activité de loisirs aquatiques avec leurs maîtres, et l’automne sur les chiens de chasse.
SYMPTÔMES
Les signes cliniques de la leptospirose chez le chien sont très variables.
La bactérie rentre dans l’organisme au niveau des muqueuses, d’une région à peau fine (oreille) ou d’une lésion cutanée. Elles se multiplient d’abord dans le sang puis colonisent différents organes (rein, foie, intestins…). Les symptômes et le pronostic de la maladie sont extrêmement variables et varient selon la souche de bactéries infectantes.
Dans les formes suraigües, la maladie est foudroyante et provoque une mort brutale.
Dans les formes aiguës, deux tableaux cliniques sont rencontrés. La leptospirose peut se manifester sous la forme d’une gastro-entérite hémorragique, aussi appelée « typhus du chien ». La fièvre peut atteindre 40°C, le chien est prostré et présente des vomissements et une diarrhée hémorragiques. Il s’installe une insuffisance hépatique sévère ainsi qu’une insuffisance rénale avec absence de miction. Des signes hémorragiques comme de petites hémorragies gingivales, la présence de sang digérés dans les matières, des saignements de nez, peuvent être présents. Cette forme se complique de troubles cardiaques et respiratoires. En l’absence de traitement, la mort survient dans les 24 heures.
L’autre forme aiguë est appelée « forme ictérohémorragique ». Elle est caractérisée par une fièvre moins sévère mais des vomissements incoercibles et une insuffisance hépatique manifestée au bout de 10 jours par un ictère (jaunisse) jaune flamboyant. Elle s’accompagne d’une insuffisance rénale et si aucun soin n’est administré la mort survient en trois à six jours après l’apparition de l’ictère.
Les formes subaiguës ou chroniques se manifestent par une néphrite (atteinte rénale) et une hépatite. Les symptômes sont extrêmement variés et les formes sont parfois atypiques.
LE DIAGNOSTIC
Le contexte épidémiologique et les signes cliniques permettent à votre vétérinaire de poser une suspicion de leptospirose. L’ensemble des résultats hématologiques et biochimiques mettront en évidence une insuffisance rénale, une insuffisance hépatique, une modification de la formule sanguine.
Le diagnostic de certitude peut être établi par la mise en évidence de la bactérie dans le sang (10 premiers jours) ou dans les urines (à partir de la 3ème semaine). Cette technique nécessite des laboratoires spécialisés et sont délicates. Le diagnostic indirect consiste en la recherche des anticorps fabriqués par l’organisme en réponse à l’infection (sérologie) : ils apparaissent 8 à 10 jours après le début des symptômes. Deux prélèvements à 8 – 10 jours d’intervalle sont nécessaires.
Étant donné la rapidité d’évolution de la maladie et l’urgence vitale de la prise en charge de ces animaux, il est nécessaire de débuter le traitement avant d’avoir les résultats de laboratoire.
TRAITEMENT
Les leptospires sont sensibles à l’administration d’antibiotiques. Les traitements sont longs, de deux à quatre semaines.
Le traitement symptomatique est primordial : il permet le soutien des fonctions vitales par le biais d’une fluidothérapie (perfusion), de la gestion des complications de l’insuffisance rénale et des troubles gastro-entérologiques.
Même après une prise en charge thérapeutique correcte, la leptospirose entraîne la mort dans 50 % des cas chez le chien.
PRÉVENTION
Les vaccins commercialisés en France contiennent 4 sérovars depuis 2015 (parmi le 250 recensés et les 10 pathogènes pour le chien). Ils permettent donc une protection contre ces deux sérovars et une certaine protection croisée contre quelques autres. Dans tous les cas, la vaccination réduit les signes cliniques mais n’empêche pas le portage et l’excrétion des leptospires.
Vous pouvez contrôler sur le carnet de vaccination de votre chien si le chiffre 4 apparaît sur la vignette: L4, sinon un complément de vaccination serait utile.
La primo vaccination chez le jeune chien est réalisée en deux injections : la première entre la septième et la douzième semaine de vie, suivi d’un rappel trois à quatre semaines plus tard. Le rappel est annuel ou bi-annuel pour les chiens à risque important d’exposition.
Chez le chiot la dernière injection doit intervenir à 4 mois révolus.
Cette vaccination est vivement conseillée pour la santé du chien et dans un but de santé publique.
Les chercheurs travaillent actuellement sur le génome des leptospires et sur une protéine de leur membrane afin d’essayer de mettre au point des vaccins dont la protection serait plus large.
ZOONOSE
La leptospirose est une zoonose (maladie animale transmissible à l’homme) qui touche 500 000 personnes par an dans le monde. En France, 300 à 600 cas sont répertoriés par an ; la France est le pays le plus touché de l’Europe. La leptospirose a été déclarée depuis 2006 «zoonose prioritaire» en France, afin de mieux surveiller les cas humains et animaux et de former et informer les acteurs en santé publique. La contamination humaine est encore professionnelle (égoutiers, garde chasse) mais de plus en plus liée aux activités de loisirs. La transmission indirecte est une « histoire d’eau » et représente plus de 50 % des cas humains. En milieu professionnel, les mesures de protection individuelle diminuent les cas de contamination directe. Il ne faut pas négliger les cas de transmission par les nouveaux animaux de compagnie (rongeurs).
La leptospirose est une maladie grave pour le chien. Lors d’infection le pronostic vital est engagé dans 50% des cas et la contamination à l’homme est possible.
Même si les vaccins n’assurent pas une protection complète, ils sont vivement recommandés et peuvent être multipliés dans les cas à risque, alors vérifier que votre animal soit bien protégé !
Votre clinique Vetovie