Ce syndrome est encore très fréquent chez les lézards gardés comme animal de compagnie et principalement chez les jeunes en croissance ou chez les femelles gravides qui ont un besoin important en calcium. Il est présent aussi chez nos tortues terrestres phytophages de compagnie
Il s’agit d’un hyperparathyroïdisme secondaire à une mauvaise alimentation. Un déséquilibre au niveau du métabolisme calcique entraîne une décalcification des os suite à une sécrétion excessive de parathormone en réponse aux niveaux de calcium sérique bas (BOYER, 1996). Cette baisse du niveau sérique peut avoir plusieurs origines :
– une déficience en calcium : les légumes contiennent peu de calcium donc cette maladie affectera les lézards herbivores dont la ration n’est pas supplémentée .
– un rapport phosphocalcique inversé : le rapport phosphocalcique (Ca/P) devrait se situer autour de 2,1/1. Or la majorité des insectes et de la viande ont un rapport phosphocalcique inversé. Si les insectes ne sont pas saupoudrés en calcium, les lézards insectivores développent cette maladie .
– niveaux d’oxalate trop élevés dans la ration : une alimentation contenant trop de légumes riches en oxalate (épinards, persil, rhubarbe…) peut entraîner des déficiences en calcium séquestré sous forme de chélates .
– manque d’apport en vitamine D3 : celui-ci est dû généralement à un déficit d’exposition aux ultraviolets B qui sont essentiels à l’activation de la vitamine D2 chez les espèces pratiquantes le « lézardage ». En effet, ces
espèces semblent incapables d’assimiler la vitamine D2 alimentaire. Par contre, les lézards nocturnes ou carnivores semblent en mesure d’absorber cette dernière .
– hyperparathyroïdisme secondaire d’origine rénale : comme pour les mammifères, la sécrétion de parathormone est stimulée secondairement à l’incapacité du rein de transformer la 25-hydroxy-vitamine D2 en 1,25- hydroxy-vitamine D2. Le diagnostic se fait par déduction face à un animal nourri de façon adéquate atteint d’une maladie métabolique des os ce qui suggère que le patient a des lésions rénales sévères .
Les manifestations cliniques sont variées :
– ostéodystrophie fibreuse : c’est la présentation la plus classique. À la radiographie, on observe une diminution de la
densité osseuse (« os en caoutchouc »), des fractures multiples au niveau des os longs et des vertèbres, la déformation de la mâchoire, du crâne et de la colonne vertébrale (scoliose). L’animal est souvent incapable de se lever sur ses pattes. De plus, la faiblesse de la colonne vertébrale induit une stase gastro-intestinale suite aux déficits neurologiques ainsi que des incontinences urinaire et fécale ou à l’inverse une anurie et une constipation (STAHL, 2003a). Il se peut que les concentrations plasmatiques de calcium et de phosphore soient normales, mais le plus souvent, la calcémie diminue et le phosphore augmente avec le temps (BOYER, 1996).
– hypocalcémie : cela se traduit par des tremblements, une paralysie, des tétanies. Le niveau sanguin de calcium est généralement inférieur à deux 121
millimoles par litre. Elle peut être secondaire à la production d’œufs ou à une insuffisance rénale (BOYER, 1996) .
– rachitisme et ostéomalacie : dans les deux cas, il s’agit d’un problème decalcification osseuse, mais la première maladie concerne les jeunes en croissance et la seconde les adultes. Les signes radiographiques seront des fractures osseuses et une diminution de la densité du squelette.
Le traitement de cette condition est souvent de longue durée et difficile.
Il consiste à :
– contrôler la ou les causes de la maladie (amélioration de la ration en la supplémentant en calcium, en diminuant la quantité de végétaux contenant des oxalates ; mise en place d’une lampe à ultraviolets B) ;
– minimiser les risques de fractures (repos en cage, ne manipuler l’animal que le strict nécessaire) ;
– administrer du calcium par voie orale ou injectable (gluconate de calcium à la dose de 100 mg/kg une fois par jour pendant un à trois mois) .
– traitement de support (réhydratation, alimentation assistée, immobilisation des fractures à l’aide d’atèles externes).
Les jeunes ayant développé une scoliose ont un pronostic beaucoup plus sombre, surtout s’ils présentent des déficits neurologiques comme une ataxie postérieure et de la constipation qui risquent de ne jamais guérir (STAHL, 2003a).
Afin de prévenir cette maladie, il faut veiller à donner à son animal une alimentation équilibrée et supplémentée en calcium et vitamines.
Il est possible de saupoudrer les insectes et les végétaux avec de la poudre d’os de seiche ou du calcium pour reptiles, comme CALCIUM REPTILES ND (Virbac). De plus, il est préférable quelle que soit l’espèce de mettre une lampe à ultraviolets B à disposition dans le vivarium.N’héistez pas à consulter un vétérinaire compétent en NAC pour vous conseiller au mieux.
Les insectes destinés aux lézards peuvent être nourris quelques jours avant la distribution avec une alimentation plus riche en calcium. On peut utiliser des granulés pour iguanes pour les criquets et des croquettes pour carnivores pour les grillons