L’hyperthyroïdie chez le Chat

L’hyperthyroïdie est la première maladie endocrinienne du chat âgé!

 Cela signifie qu’elle est due à un dérèglement hormonal. Comme son nom l’indique il s’agit d’une augmentation du taux des hormones produites par la thyroïde. La thyroïde est une glande formée de deux lobes, de chaque côté de la trachée, dans le cou. Les deux hormones qui interviennent dans cette maladie sont la thyroxine (T4) et son dérivé actif la triiodothyronine (T3).

  • Rôle de la thyroxine dans l’organisme:

Elle intervient dans la régulation du métabolisme du corps avec une action stimulante (éveil,activité physique, appétit, tension artérielle, température corporelle…).

Chez le jeune, elle a un rôle primordial dans la croissance osseuse et la différenciation des tissus. Elle participe aussi au développement cognitif.

Chez l’individu adulte, elle joue également un rôle non moins important puisqu’elle contribue à réguler l’activité générale de l’organisme en stimulant le fonctionnement notamment aux niveau cardiaque et cérébral.

  • Cause de la maladie:

Cette maladie est due à une tumeur de la glande thyroïdienne. Dans plus de 99% des cas, cette tumeur est un adénome. Une tumeur bénigne mais qui sécrète la T4 en quantité trop importante. Dans de très rare cas, cette tumeur est un adénocarcinome. En plus d’être sécrétante, elle se propage dans l’organisme (métastase) et provoque un cancer.

  • Les animaux prédisposés:

Ce sont les individus âgés qui sont prédisposés à cette maladie. L’hyperthyroïdie atteint dans 95% des cas des chats âgés de plus de 8 ans, la moyenne est de 13 ans. Il n’y a pas d’autre facteur de risque.

  • Symptômes de la maladie:

Amaigrissement par augmentation du catabolisme protéique (mais pas forcément maigre, par exemple si chat en surpoids au commencement de la maladie) dans 95% des cas.

Hyperactivité voire agressivité inhabituelle. Un changement de comportement avec la vieillesse du type agressivité, agitation (vocalise, chat qui bouge tout le temps..) doit vous alerter.

(Petite anecdote : Chez l’homme, l’hyperthyroïdie atteint surtout les femmes, et les cabinets de scintigraphie ne prennent jamais trois rendez-vous en même temps…car l’agitation des patientes est insupportable en salle d’attente !)

Zone de palpation nodules

Palpation d’un goitre (augmentation de la taille des thyroïdes) dans 90% des cas. Attention, ce signe n’est pas spécifique, on peut avoir un goitre sans hyper production d’hormones.

Polyphagie ( mange beaucoup beaucoup)

Pelage piqué, terne

La polyuro­polydispie ( boit et urine beaucoup) est possible mais représente moins de 50% des cas

Vomissement et diarrhée (souvent en selles marneuses, molles)

Sur cette vidéo, on constate plusieurs symptômes d’hyperthyroïdie cités précédemment : amaigrissement, pelage piqué, polyphagie et vomissement (dans ce cas secondaire à la vitesse d’ingestion):

Dans 50% des cas l’hyperthyroïdie se complique de problèmes cardiovasculaires. Ainsi, l’on peut observer une tachycardie due à une sensibilisation aux catécholamines. Les hormones thyroïdiennes ont un effet inotrope positif. Ce qui entraîne à terme une hypertrophie du muscle cardiaque, qui se contracte plus fortement, d’où une hypertension artérielle.L’hypertension artérielle entraîne à son tour d’autres complications : décollement de rétine,destruction des néphrons, thrombo­embolies.

  • Mon chat présente des symptômes d’hyperthyroïdie comment avoir une confirmation?

En dosant la T4 totale ( directement dans la clinique en 15 minutes). On a peu de chevauchement des valeurs de T4 entre un hyper thyroïdien et un animal sain. Donc peu de doute, quand les valeurs de T4 sont augmentées et que l’animal présente des symptômes associés, on peut conclure à une hyperthyroïdie. Cependant la réciproque n’est pas vrai. En effet, il existe un phénomène appelé hypothyroïdie fonctionnelle. En cas de maladie sévère ou chronique, les valeurs normales de T4 sont diminuées. Ainsi sur un chat âgé qui présente une hyperthyroïdie associé à une maladie chronique (par exemple insuffisance rénale), il arrive que les valeurs de T4 soient dans les normes. Dans ce cas un dosage des T4 libres permet de lever le doute.

  • Quels sont les traitements existants ?

Il existe 3 traitements possible de l’hyperthyroïdie : le traitement médical, le traitement chirurgical et la radiothérapie. Dans la pratique courante, le traitement médical est de loin le plus utilisé, les autres traitement restent anecdotiques.

Le traitement chirurgical : le principe est d’enlever la ou les tumeurs sécrétantes. L’inconvénient majeur de ce traitement est qu’ il est nécessaire de faire une scintigraphie afin de localiser les nodules à enlever ( c’est possible à Nantes ). Dans 70% des cas il y a plusieurs nodules sécrétant. L’exérèse du seul nodule palpé donne lieu la majorité du temps à un échec thérapeutique.

La radiothérapie : le principe est de faire avaler au chat hyperthyroïdien de l’iode 131 (radioactif). L’iode est captée par les adénomes. Sa demi­-vie est de 5 jours. Il émet des particules gamma détruisant les tissus sur 1 mm autour. Le tissu actif va être détruit, le tissu sain est conservé. L’avantage est une guérison complète en un seul traitement. Les inconvénients sont le coût, le peu de centres où il est disponible ainsi qu’une hospitalisation de 15 jours sans visites (animal radiocatif !)

Le traitement médical : les anti­thyroïdiens:

Le principe est de stopper la production de T4 en empêchant l’iode de ce fixer sur la thyroglobuline.On n’intervient pas sur les adénomes donc il n’y a pas de guérison de la maladie mais une rémission. Le traitement est donc à vie. Selon les animaux, il est à administrer tous les jours à tous les trois jours. Des contrôles doivent être réalisés régulièrement (deux fois par an). Un arrêt du traitement entraîne une réapparition immédiate des symptômes. De façon adjuvante au traitement médical, il est désormais disponible une alimentation soumise à prescription pour traiter l’hyperthyroïdie. Il s’agit de l’aliment Y/d de chez hill’s. Cette alimentation  est pauvre en iode, oligo­élément indispensable pour la fabrication de T4 et permet de traiter l’animal sans autre prise médicamenteuse.

On s’en tient en général au traitement étiologique : une fois l’hyperthyroïdie traitée, il n’y pas besoin de rajouter autre chose. Mais si on a une cardiopathie ou une insuffisance rénale plus grave, on pourra utiliser les principes actifs classiques ( IECA, inhibiteurs calciques…)

Le pronostic est en général plutôt favorable, mais dépendant des complications, de l’âge de l’animal et des affections concomitantes.

Votre clinique Vetovie