Réussir la cohabitation chien/chat-enfant jusqu’à 18 mois

L’arrivée d’un bébé doit être gérée par les propriétaires d’un chien ou d’un chat avec les conseils du vétérinaire pour une cohabitation réussie. Il faut tenir compte des comportements de l’animal et de l’enfant pour éviter les situations à risque.

Les propriétaires se posent légitimement beaucoup de questions à l’arrivée du bébé pour favoriser la cohabitation avec leur chien et/ou leur chat. Ils pressentent que l’animal va apporter beaucoup à l’enfant, à l’instar que ce qu’ils ont peut-être eux mêmes connu dans leur jeune âge, mais ils redoutent que l’animal présente de l’agressivité envers le bébé, ou qu’il puisse souffrir de sa présence.            «Un bébé ne perçoit pas la menace d’un animal.»

Les questions les plus courantes concernent l’éventuelle « jalousie », les risques concernant la sécurité du bébé et les moyens à mettre en œuvre pour que le chien ou le chat s’habitue au mieux.

Les comportements propres au bébé

Afin d’évaluer au mieux les risques d’une mauvaise cohabitation, il convient de faire le point sur les particularités propres au bébé et celles d’un chien et d’un chat dont le comportement est considéré comme normal.

– Un bébé est par essence très vulnérable et pas autonome, en particulier dans ses déplacements. Les parents doivent être constamment présents quand le bébé se trouve en présence de l’animal pour l’en protéger (vulnérabilité). Comme par ailleurs le bébé ne se déplace pas seul avant 8 ou 10 mois (période du quatre pattes), c’est donc les parents qui le déplaceront dans l’habitation.

La proximité de l’enfant et de l’animal ne sera donc le fait que des parents qui approchent le bébé de l’animal ou de l’animal qui s’approche du bébé.

– Un bébé ne perçoit pas la menace d’un animal. S’il tire ses poils, l’enfant ne comprendra pas la signification du relèvement des babines ou des grognements du chien, ni de l’abaissement des oreilles du chat, de la mydriase et de ses crachements. Il n’arrêtera pas son geste et le coup de dent ou de griffes pourra l’atteindre au visage si les parents n’interviennent pas.

– À partir de 6 mois, le bébé peut s’asseoir et donner de la nourriture au chien (plus rarement au chat). Cela peut induire des interactions « sympathiques », le chien comprenant rapidement qu’il est intéressant d’être près de l’enfant car des miettes tombent souvent près de là où il mange, mais dangereuses si le chien est très attiré par la nourriture et brusque (Hs-Ha).

– Enfin, quand le bébé commence à se déplacer (« 4 pattes ») pour bientôt marcher, il est maladroit et chute souvent, parfois sur le corps de l’animal s’il est couché à proximité. L’enfant se rattrape comme il peut à ce qui se trouve sous la main, comme la queue ou les oreilles du chien ou du chat. Le petit peut aussi atteindre la gamelle ou le panier. Cela constitue autant de contextes propices aux agressions par irritation (douleur, surprise, crainte).

Les comportements de l’animal envers un bébé

– En règle générale, le chien ou le chat pressent l’arrivée du nourrisson notamment par la découverte des odeurs du nouveau-né sur les vêtements du père et des familiers revenant de la maternité. Il ne sera donc pas surpris quand il arrivera à la maison (odeurs déjà connues).

– Un animal adulte bien socialisé perçoit que le bébé est vulnérable et qu’il ne faut pas trop s’en approcher surtout en présence de sa mère qui risque de devenir « agressive ». Certes la curiosité peut pousser l’animal à venir renifler de plus près, mais il le fera avec prudence. Il préfèrera observer de loin le petit interagir avec ses parents.

– En revanche, si l’animal présente un trouble du comportement, sa réaction sera tout autre et les risques pour la santé de l’enfant augmentés (lire encadré).

En prévention :

1 – Avant l’arrivée du bébé

De toute façon, au moins 1 mois avant l’arrivée du bébé, l’animal se rend compte que les habitudes de vie quotidiennes changent : concernant l’organisation du territoire, notamment par l’aménagemment de la chambre du bébé, et concernant les horaires de présence (la maman est plus présente).

– Interdire l’accès de la chambre du bébé est plus prudent par mesure d’hygiène tout d’abord et par sécurité (animal qui se coucherait sur le bébé).

Ainsi l’animal ne prend pas l’habitude de s’y coucher.

Pour le chien :

– Initiative des contacts. Le chien doit comprendre qu’il ne peut pas avoir accès à sa maîtresse ou son maître n’importe quand : quand le bébé sera là, celui-ci sera prioritaire pour les soins et les câlins et « c’est dans l’ordre des choses ». Quand l’enfant sera couché, les parents seront disponibles pour s’occuper pleinement de leur animal.

Remarque : certains préconisent de faire sentir au chien (ou au chat) les odeurs du bébé en lui pré- sentant ses vêtements. Certains travaux montrent que cela n’a aucune influence sur la cohabitation future.

– Pas de canapé, ni de lit. Cette consigne classique prend toute sa valeur ici puisque cela évitera les poils (hygiène) et surtout que le chien apprenne ou apprenne à nouveau à descendre du canapé ou du lit quand on le lui demande. On veillera qu’en contrepartie, son couchage soit chaud et douillet, en y rajoutant par exemple des coussins pour un confort équivalent.

Pour le chat :

du Feliway ND, pour éviter l’évolution d’une anxiété de déterritorialisation lors des travaux d’aménagement (peinture, modification du mobilier, chambre du bébé) qui constituent de grands changements de territoire. Quand le bébé arrivera, le chat doit se sentir bien chez lui.

«Des travaux montrent que faire sentir à l’animal les odeurs du bébé sur un vêtement n’influe pas sur la cohabitation future.»

2 – Quand le bébé arrive

– L’animal ne doit pas s’approcher à moins d’un mètre du nouveau-né le premier mois. C’est la règle d’or à rappeler aux parents/propriétaires de l’animal : un nouveau-né est extrêmement fragile, la mère (le père aussi !) est là pour le protéger des agressions extérieures. « C’est normal et cela se passe ainsi chez tous les mammifères » est une phrase qui peut déculpabiliser les parents de devoir repousser l’animal s’il s’approche trop. Cela signifie qu’il faut faire descendre le chien – ou le chat – du canapé si on s’y assoit avec le bébé.

Cette consigne permet :

– que les parents soient libres de leurs mouvements quand ils s’occupent du bébé, notamment pour la tétée (confort et apaisement), qu’ils ne risquent pas de « marcher » dessus quand ils portent le nourrisson ;

– que l’animal ne soit pas inquiet de la proximité du bébé et surtout de ses cris ; il appréhendera mieux ce qu’il se passe s’il est à distance de la scène ;

– d’annuler les risques de blessures du bébé (coup de pattes même amical) ou de souillures (coup de langue) pendant ces moments privilégiés.

On évitera aussi de laisser le bébé dans un transat au sol sans surveillance en présence de l’animal, sauf s’il est dans un parc.

– Toute manœuvre apaisante est bienvenue pour aider l’animal à s’habituer à ce grand changement.

Les phéromones apaisantes évidemment, Feliway ND pour le chat, Adaptil ND (anciennement DAP ND) pour le chien, mais aussi les compléments alimentaires tels qu’Anxitane ND ou Zylkène ND pendant 2 à 4 semaines, constituent des outils de première intention pertinents.

3 – A l’heure du 4 pattes et après…

Avec les mois, le bébé et l’animal commencent à interagir : parfois le premier mot du bébé sera le nom du chien ou du chat. La proximité physique entre les deux est plus grande, le bébé pouvant caresser l’animal (et lui tirer les poils aussi) évidemment sous la surveillance des parents. Les parents veilleront alors à limiter les contextes à risques d’agression pour le bébé :

– la gamelle de nourriture ne doit pas être accessible : le mieux est de donner à manger à son chien quand le bébé dort et de retirer la gamelle avant son réveil ; l’assiette du chat sera placée en hauteur

– le couchage du chien doit être dans un endroit que le bébé ne peut pas facilement atteindre : dans un angle de pièce en partie caché par un meuble ou une plante ; on apprendra au chien à s’y coucher pour qu’il soit tranquille ;

– laisser au chat la possibilité de se reposer en se cachant (en hauteur, sur une étagère, dans une boîte).

– préserver l’animal des gestes brusques du bébé si on les rapproche.

Article tiré de la dépêche vétérinaire, rédigé par le dr Valérie Dramard, vétérinaire Comportementalise.